[RDC-Politique] Vital Kamerhe : « Monsieur Kabila n’a pas dit la vérité au peuple congolais… il a une vision édulcorée de la réalité »

(Kinshasa, le 27 janvier 2018) – le président national de l’Union pour la Nation Congolaise, Vital Kamerhe a réagi, sans tarder, à la conférence de presse animée par Joseph Kabila sur la situation générale de la République Démocratique du Congo. Dans son mot, Vital Kamerhe relève dix contre vérité qui ont émaillées cette conférence de presse du Président de la République.

« Monsieur Kabila n’a pas dit la vérité au peuple congolais telle qu’il a promis dans son point de presse, oubliant que les faits sont têtus et ne peuvent être embellis par une vision romanesque », a-t-il dit.

Réagissant au sujet de la constitution du pays, le Président National de l’UNC a contredit Joseph Kabila. Il s’est exprimé en ces termes : « La Constitution en vigueur nous vient des Accords de Sun City. Elle a été adoptée à plus de 85 % de la population congolaise. Elle est donc l’œuvre de nous tous avec obligation pour nous tous, y compris ceux qui avaient appelé à voter contre, à la protéger.

Malheureusement, c’est le Président KABILA qui, aujourd’hui, l’a violée sans ménagement pour ses intérêts politiques égoïstes. Le cas de la réduction de deux tours de l’élection présidentielle à un seul ».

Le pays se porte mieux aujourd’hui ?

A cette réponse, Kamerhe dit carrément non. A en croire ses propos, le Président Kabila a une vision édulcorée de la réalité. « Monsieur Joseph Kabila a sans doute une vision édulcorée de la réalité car la vie de la population est aujourd’hui au plus bas avec le retour des maladies autrefois éradiquées tel que le cholera à cause d’une totale absence de politique appropriée en matière d’hygiène et de santé. Dans quel pays vit Monsieur Joseph Kabila ? En tout cas, pas en RDC », a-t-il déclaré.

Le pays va mal, dit Vital Kamerhe, et même très mal. « Une capitale envahit par les immondices et devenue plus insalubre  qu’avant. Une perte vertigineuse du pouvoir d’achat des Congolais, mécontentement des étudiants revendiquant le paiement en franc congolais au taux officiel massacré par les forces de sécurité dans leurs campus sans ménagement, grèves des enseignants, des médecins et des infirmiers. Et l’on peut allonger cette liste pour voir combien le désespoir et la peur du lendemain a élu domicile dans la majorité des foyers encore debout alors que les autres familles sont en débandade à cause de l’insécurité. L’éducation et l’habitat sont on ne peut plus inappropriés. L’accès aux soins de santé est quasi nul. De quel pays parle Monsieur Kabila. Pas la RDC en tout cas », a-t-il révélé. Ci-dessous, l’intégralité de la Communication du Président national de l’UNC.

DEPECHE.CD

POINT DE PRESSE DU PRESIDENT NATIONAL DE L’UNC

(Samedi, 27 janvier 2018)

Mesdames et Messieurs de la Presse,

A la grande surprise du peuple congolais, le Président de la République, est sorti de son mutisme de 5 ans, en convoquant un point de presse le 26 Janvier 2018. Ce point de presse intervient après les évènements du 31 décembre 2017 et 21 janvier 2018 traduisant le ras le bol du peuple congolais qui revendique les élections, conformément à l’Accord de la St Sylvestre et à la Constitution, ses droits fondamentaux de vivre dignement.

L’UNC s’indigne du manque de considération et de compassion de la part du Chef de l’Etat, par rapport aux congolais qui ont perdu la vie au cours desdits évènements parmi lesquels, le camarade Hussein NGANDU, cadre de l’UNC, section Kimpwanza dans la Fédération de Lemba et de Mademoiselle Dechade Mwanza, abattue sur le parvis de la Paroisse St François de Salles à Kintambo et le cas de cette autre dame qui a reçu une balle dans la tête devant l’Eglise Saint Dominique de Limete, et bien d’autres cas malheureux à Kinshasa comme à l’intérieur.

Nous rendons un hommage mérité à ces martyrs de la démocratie.

Nous allons observer une minute de silence en leur mémoire. (MINUTE DE SILENCE)

Monsieur Kabila n’a pas dit la vérité au peuple congolais telle qu’il a promis dans son point de presse, oubliant que les faits sont têtus et ne peuvent être embellis par une vision romanesque.

PREMIÈRE CONTRE VÉRITÉ

La Constitution est son œuvre

La Constitution en vigueur nous vient des Accords de Sun City. Elle a été adoptée à plus de 85 % de la population congolaise. Elle est donc l’œuvre de nous tous avec obligation pour nous tous, y compris ceux qui avaient appelé à voter contre, à la protéger.

Malheureusement, c’est le Président KABILA qui, aujourd’hui, l’a violée sans ménagement pour ses intérêts politiques égoïstes. Le cas de la réduction de deux tours de l’élection présidentielle à un seul.

DEUXIÈME CONTRE VÉRITÉ

Qu’il n’est pas à l’origine de la non-organisation des élections en décembre 2016

Et pourtant sans désemparer la majorité a multiplié des initiatives tendant à éloigner les conditions de l’organisation des élections. On se souvient du fameux ONIP de triste mémoire et du projet de loi électorale qui conditionnait la tenue des élections à l’organisation du recensement général de la population. Sans les efforts de l’opposition et la vigilance du peuple, ces actions auraient pris corps et auraient saboté l’élan démocratique amorcé.  Et depuis, chaque occasion qui est donnée à la majorité se transforme en préalables et en contraintes pour aller aux élections. On se souviendra du calendrier promulgué en 2016 qui incluait même les élections locales et municipales, question d’alourdir la machine.

Le Président n’a pas évoqué la cause de la non-tenue des élections provinciales pour lesquelles les candidatures avaient été déposées et cautions versées.

L’opinion se souviendra de l’accusation faite à l’opposition en 2016 de faire un procès d’intention au Président de la République. Finalement ces élections n’ont pas eu lieu. Il y a avait donc volonté délibérée de ne pas organiser les élections. Il n’a donc pas dit la vérité au peuple.

TROISIÈME CONTRE VÉRITÉ

Le pays se porte mieux aujourd’hui

Monsieur Joseph Kabila a sans doute une vision édulcorée de la réalité car la vie de la population est aujourd’hui au plus bas avec le retour des maladies autrefois éradiquées tel que le choléra à cause d’une totale absence de politique appropriée en matière d’hygiène et de santé. Dans quel pays vit Monsieur Joseph Kabila ? En tout cas, pas en RDC. Une capitale envahit par les immondices et devenue plus insalubre  qu’avant. Une perte vertigineuse du pouvoir d’achat des Congolais, mécontentement des étudiants revendiquant le paiement en franc congolais au taux officiel massacré par les forces de sécurité dans leurs campus sans ménagement, grèves des enseignants, des médecins et des infirmiers. Et l’on peut allonger cette liste pour voir combien le désespoir et la peur du lendemain a élu domicile dans la majorité des foyers encore debout alors que les autres familles sont en débandade à cause de l’insécurité. L’éducation et l’habitat sont on ne peut plus inappropriés. L’accès aux soins de santé est quasi nul. De quel pays parle Monsieur Kabila. Pas la RDC en tout cas.

Lorsqu’il encaisse les recettes, l’Etat applique le taux parallèle et lorsqu’il dépense, c’est le taux historique de 2016 !

QUATRIEME CONTRE VERITE

Monsieur Kabila est aujourd’hui un homme seul qui s’isole et qui par la  même occasion veut isoler le pays.  Sinon comment expliquer que l’opposition, la société civile, l’Eglise Catholique, l’Eglise protestante, les musulmans se rangent du côté du peuple meurtri. Comment se fait-il qu’il soit le seul à ne pas voir ce que tout le monde voit ? Il ne peut naviguer de cette manière sans mettre en péril la Nation entière.

Si la Belgique suspend la coopération structurelle à la suite des violations massives des droits de l’Homme, la réplique devrait-elle être la fermeture de la Maison Schengen et de l’Agence de développement ? La Belgique et d’autres États devraient-ils être insensibles aux violations répétées des Droits de l’Homme en RDC, alors que cette dernière est cosignataire de la Déclaration universelle des Droits de l’homme?

CINQUIÈME CONTRE VÉRITÉ

Choisir entre la démocratie et le développement

Chercher à établir un conflit entre le développement et la démocratie c’est mal cacher ses intentions de demeurer éternellement au pouvoir car, il n’y a pas de développement sans démocratie ni démocratie sans développement. Les deux sont intimement liés, ils évoluent en binôme de telle sorte que investir dans la démocratie c’est investir dans le développement.

Au Ghana, en Afrique du Sud, en Tanzanie, au Sénégal, au Mozambique, …. Cette problématique ne se pose pas. Dans quel monde vit Monsieur Kabila ? En tout cas pas le même que nous.

SIXIÈME CONTRE VÉRITÉ

Monsieur Kabila a voulu transformer les Zaïrois que nous étions en Congolais. C’est une insulte contre le peuple Congolais. J’ose croire que c’est un lapsus linguae qu’il va retirer par respect pour notre peuple.

Une chose est vraie dans ce qu’il a dit : il a transformé le peuple Congolais qu’il n’a plus peur d’assumer son destin même devant des tirs à balles réelles, bombes lacrymogènes, arrestations arbitraires, tueries sauvages.

SEPTIÈME CONTRE VÉRITÉ

Les Forces de sécurité n’ont pas rétabli l’ordre. Car l’ordre n’était pas perturbé. Elles ont tué, blessé, arrêté, déshabillé et violé.

Il y aurait eu même, selon certaines sources concordantes, la présence des mercenaires étrangers en civil pour massacrer notre peuple. Cette question mérite clarification. Qui étaient ces hommes en civil cagoulés qui tiraient sur la population à Matete ?

HUITIÈME CONTRE VÉRITÉ

Le CLC n’est pas à la base de la mort des paisibles citoyens. C’est plutôt Monsieur Kabila, Commandant suprême d’une armée et d’une police qui ont oublié leurs missions de défendre le territoire et de protéger les personnes et leurs biens.

NEUVIÈME CONTRE VÉRITÉ

Monsieur Kabila dit que l’église ne doit pas se mêler de la politique du pays non, le Pape est catégorique. C’est aussi la mission de l’église de se mettre aux côtés du peuple opprimé.

DIXIÈME CONTRE VÉRITÉ

Monsieur Kabila n’a pas l’intention de quitter le pouvoir par les élections. Dans ses réponses vagues mêlant le processus électoral et le plan de développement à long terme. On comprend que Monsieur Kabila est entrain de rêver parce qu’il croit qu’il suffit d’effrayer le peuple Congolais pour opérer un passage en force.

Peuple Congolais, vous avez le droit, nous avons le droit de revendiquer nos droits fondamentaux y compris par les manifestations pacifiques prévues dans la Constitution, qui n’appartient pas à Monsieur Kabila.

A vous l’élite congolaise et les collègues de l’opposition, nous devons rompre le silence face à ce mépris de Monsieur Kabila vis-à-vis du peuple car, ce silence peut être interprété comme une complicité contre le peuple. Nous devons hausser le ton et ensemble, nous serons plus forts que jamais.

Levons-nous et marchons, marchons et marchons jusqu’à ce que la volonté du peuple l’emporte sur la dictature.

L’UNC sera toujours du côté du peuple. Toujours ensemble.

Que Dieu bénisse la RDC et son peuple !

 

Fait à Kinshasa, le 27 janvier 2018

 

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