(Kinshasa, le 25 Avril 2017) – L’Association Africaine de défense des Droits de l’Homme (ASADHO) s’est insurgée contre les immixtions « à répétition » du Gouvernement congolais dans l’administration de la justice.
Dans un communiqué publié ce mardi, elle recommande au Chef de l’Etat « d’interdire au Ministre Lambert MENDE de s’immiscer dans l’administration de la justice relativement aux massacres survenus dans les provinces du Kasaï Central et du Kasaï Oriental ».
L’ASADHO évoque deux cas illustratifs de cette interférence.
Elle cite en premier, l’interview de Lambert Mende accordée à la Radio Okapi dans laquelle il avait lancé un appel à témoin, en ces termes : « Quiconque à Mbuji Mayi ou à Kananga a été témoin ou victime des faits…. est appelé à les dénoncer auprès des Auditeurs Supérieurs près des Cours Supérieures Militaires de Kananga et de Mbuji Mayi pour aider à la manifestation de la vérité».
En second lieu, l’ASADHO fait allusion à la diffusion par le Porte-parole du Gouvernement, lundi 24 Avril, de la vidéo d’assassinat de deux experts de l’ONU par des individus qualifiés de « miliciens de Kamuina Nsapu ». Fait que cette ONGDH suppose être une « violation du secret de l’instruction préparatoire devant le Parquet/Auditorat et du principe de la présomption d’innocence des personnes mises en cause consacré par l’article 17 de la Constitution ».
« Le fait que Cette vidéo qui devrait être mise à la disposition de la justice militaire conformément au principes indiqués ci-dessus soit commentée et rendue publique par un membre du Gouvernement qui n’est pas membre du pouvoir judiciaire, décrédibilise l’enquête judiciaire en cours », déplore le Président de cette structure, Jean Claude Katende.
Si l’ASADHO s’interroge encore sur la détention d’une pièce du dossier judiciaire en instruction par un membre du Gouvernement, elle estime pour autant que cette vidéo est diffusée dans le but de manipuler et d’orienter la justice militaire vers une seule piste et l’opinion publique vers la culpabilité des miliciens de Kamuina Nsapu.
« Cette immixtion de l’exécutif dans l’administration de la justice est une véritable obstruction à la conduite des enquêtes indépendantes et à la manifestation de la vérité », dénonce-t-elle.
Par conséquent, l’ASADHO plaide pour la mise en place d’une commission indépendante pour clarifier les massacres perpétrés dans les provinces du Kasaï-Central et Kasaï-Oriental, y compris, l’assassinat des experts de l’ONU, et d’établir la responsabilité de tout individu impliqué de loin ou de près dans cette affaire.
DEPECHE.CD